De qui se moque on ?
Pourquoi le gouvernement stigmatise cette population qui au final ne trouve pas sa place au sein des lois votés et donc, actés démocratiquement ?
Le déni de démocratie est si lourd dans notre pays, qu'il est nécessaire de lutter à relayer une information libre de toute censure gouvernementale.
La loi Besson imposant aux départements d'établir un schéma exigeant notamment des communes de plus de 5 000 habitants qu’elles disposent d'une aire d'accueil, et de chaque département qu’il mette en place une aire dite de grand passage, on est loin du compte. Aucun des quatre départements provençaux n'a fait appliquer son schéma intégralement, alors même que le préfet peut se substituer aux communes pour le mettre en oeuvre et alors que tous ces schémas (élaborés entre 2002 et 2004) ont dépassé les six ans de validité, sans être révisés pour autant.
Meilleur élève en la matière, le Vaucluse affiche un taux de réalisation autour de 73% (292 emplacements créés sur les 397 prévus)... mais ne dispose toujours pas de structure pour les périodes de forte affluence. Selon la Préfecture, on dénombre aujourd'hui 11 aires d'accueil (1) dont trois récentes. A l'inverse, Cavaillon, Pertuis, Apt, Le Pontet, Monteux et Pernes-les-Fontaines, qui devraient en être dotées, entament à peine les démarches pour identifier un terrain.
Dans les Hautes-Alpes, le bilan est encore moins reluisant à en croire les chiffres de la Préfecture : rien à Briançon où 10 à 15 emplacements étaient prévus pour les itinérants ainsi que 30 places pour les sédentaires ; rien à Embrun qui devait créer 30 emplacements mais où les travaux sont en cours ; rien de plus qu'en 2004 à Gap, si ce n'est une aire estivale de grand passage de 60 emplacements. Quant au Poët, seule ville de moins de 5 000 habitants à s'être spontanément dotée d'une aire avant 2004, il a jeté l'éponge faute de crédits pour rénover l'équipement.
Même tendance dans les Alpes-de-Haute-Provence, où la Préfecture se borne à préciser que l'aire de grand passage ne sera envisagée qu'avec la révision du schéma et que les structures sont "largement suffisantes"... Alors que sur les quatre communes concernées dans le département, une seule fournit aujourd'hui de réels emplacements : Digne, qui peut accueillir jusqu'à 44 caravanes (et ce depuis une dizaine d'années). A Manosque, l'aire est fermée depuis fin 2007 pour travaux. A Sisteron, des travaux sont programmés pour l'automne. Enfin à Château-Arnoux, qui a été désigné pour le "grand passage" cet été, aucune aire n'est encore en projet.
Reste la question des Bouches-du-Rhône. Certainement la plus frappante puisque le schéma recensait 6 aires dans 5 villes différentes pour 214 places (2), listait 31 communes ou groupements de communes concernés et préconisait 1070 à 1470 places à l'horizon 2008. Deux ans après cette dead line, soit huit ans après l'adoption du schéma, aucun emplacement n'a été vraiment créé, tandis que Marseille et Martigues en ont perdu. 464 places, réparties sur 11 projets (3), ainsi qu'une aire de grand pasage à Istres, sont néanmoins "en cours de création" selon la Préfecture.
Il y a huit ans, le schéma départemental notait l'absence de terrain de "délestage" et soulignait que "47 communes de plus de 5 000 habitants n'ont toujours pas rempli leurs obligations prévues par la loi du 31 mai 1990 et le schéma départemental arrêté en septembre 1995, puis par la loi du 5 juillet 2000". Au final, le schéma de 2002 n'aura rien changé. Pas plus que les décisions du tribunal administratif de Marseille condamnant la Préfecture en 2008 et 2009.