Dimanche 9 janvier 2011 à 16:27

  

http://idees.rouges.cowblog.fr/images/SuperBigCoco/jeunonjacquelinecarte1.gifCatherine Vandel est une militante du 14ème arrondissement de Paris. Elle a 15 ans dans les années 1960 et adhère à l’UJFF et au PCF. Elle faisait ses études dans un des premiers lycées mixtes. Elle a ensuite adhéré à l’UEC. Elle se souvient avec plaisir des réunions enfumées de Clarté… Pour elle, la création de l’UJFF en 1936 a été la preuve d’un progressisme sans précédent, une réelle avant-garde.

Andrée Lefrère est née avant la seconde guerre mondiale dans une famille juive. Elle a eu alors une grande volonté de comprendre le pourquoi de ces horreurs. Cette volonté de comprendre s’est ensuite transformée en colère qui lui a donné une motivation sans faille. Elle voulait une revanche, elle l’a eue par son engagement. Sa vie est pleine de ce contexte historique. Elle a acquis l’envie de justice, d’égalité.

Que pensez- vous de nos trois décisions de Congrès quant à la suppression de la notion de parité, la suppression de la féminisation des textes et la création d’une commission sur le féminisme ?

Catherine : Sur la question de la parité, je suis partagée. Sur le fond ce n’est pas satisfaisant. Mais je comprends pourquoi cela s’est mis en place, pour impulser certaines pratiques. En cela, c’était important. Je ne suis pas pour la féminisation des textes, sauf si certains mots s’imposent dans le système de la langue comme devant devenir féminin à leur tour. Mais la question est valable du côté masculin également. Aujourd’hui il serait bon de masculiniser certains métiers, l’exemple d’un homme qui exerce le métier de sage- femme est le plus marquant. C’est aussi une avancée du statut de la femme ! Pour la féminisation des mots, j’appliquerais le même principe.

Andrée : Je ne pense pas non plus que le problème linguistique soit le plus important. Je n’ai pas fait de hautes études, donc les mots, moi, ça ne m’a jamais beaucoup importé. C’est là où l’organisation communiste doit préserver ce rôle fort qu’elle avait de pallier le manque d’éducation scolaire individuelle par un travail collectif. L’organisation communiste, que ce soit le Parti, la JC, l’UJFF ou l’UEC ont toujours été des écoles d’éducation populaire. Le monde ouvrier doit s’organiser collectivement pour pallier au manque de formation. J’ai fait de la couture, et ce n’était pas vraiment un choix, parce qu’à cette époque, les familles se disaient : « ça pourra toujours servir ». Mais il n’y a pas de sous-métiers, la couture nécessite de la technique, comme tout autre métier. Le monde des filles étaient divisé en deux catégories : les intellectuelles et celles qui allaient au lycée technique ou commercial. Quant à la création de la commission féminisme, c’est un grand pas. Ce sera le moyen de trouver des façons spécifiques de toucher les jeunes filles, surtout dans les milieux populaires où l’accès est plus difficile.

Quelle est ton histoire Andrée ?

A 12 ans, j’ai adhéré aux vaillants, on campait et s’amusait beaucoup. Mais à notre époque, les jeunes avaient déjà compris des choses de la vie. Après la Libération, on avait le sentiment que rien n’était impossible, on ne doutait de rien, c’était une véritable période de rêverie qui a duré un certain temps. On pensait que tout irait bien après ça. Tout cet espoir se reposait sur le PCF. Tout le monde faisait confiance au Parti, pas que les communistes. Je me souviens d’avoir récolté 4000 signatures en 1949, à 14 ans, pour l’Appel de Stockholm.

A 15 ans, en 1950, j’adhère à l’UJFF. Je voulais y adhérer après mes études, comme pour marquer une étape importante.

Pourquoi l’UJFF ?

Des vaillants, j’aurais pu devenir monitrice, mais je n’en voulais rien. J’avais la conscience que des jeunes de mon âge avaient donné leur vie pour leurs convictions, pour leur pays. Je voulais être de ceux là. Je voulais donner ma vie à l’engagement politique. Je m’engage alors à l’UJFF.

Qu’est ce que tu retiens de l’UJFF, à partir de sa création et par ton engagement ?

En 1936, Danielle Casanova crée l’UJFF. A cette époque, les femmes étaient très présentes dans les luttes, dans les mouvements, mais elles n’étaient pas du tout organisées dans des partis ou des syndicats. Elles ne participaient jamais aux réunions et n’avaient pas de responsabilités. Alors Danielle Casanova décide de réunir les quelques filles qui étaient organisées et crée l’UJFF. C’était une femme exceptionnelle, elle est le cœur de cette histoire.

Les hommes de l’époque étaient très machistes. Ils ne prenaient pas les femmes en tant que telles au sérieux. Mais ceci n’a pas empêché un travail politique commun. C’était davantage dans le comportement qu’il y avait des problèmes. La lutte politique savait être menée à bien dans l’unité malgré cela. Et puis, il y avait les bals pour se retrouver !

En 1936, c’est la guerre d’Espagne. Les femmes sont enfin organisées. Elles organisent la solidarité pour les enfants espagnols. Elles défendaient la paix avec ferveur.

En 1938, elles font un pari fou. Elles veulent remplir le Stade Buffalo de 20 000 places. Les hommes leur disent que c’est impossible, mais elles réussissent leur pari. A cet instant, tout le monde a compris qu’il se passait vraiment quelque chose d’important, de déterminant. Ça a donné beaucoup d’espoir.

En 1938, l’UJFF avait 19 000 adhérentes. Leur adhésion a permis plus tard de relancer la Résistance. Elles ont joué un rôle fondamental.

Les militantes de l’UJFF faisaient beaucoup de sport, elles s’intéressaient beaucoup à l’esthétique, à la mode, elles voulaient être de jolies filles !

En 1958, j’ai impulsé un évènement considérable. La Rentrée de Mademoiselle de Paris ! C’était en octobre et ça durait trois jours. La première année, 3000 personnes sont venues ! Le principe de cette initiative était de demander à toutes les filles de créer quelque chose, de se mettre en valeur de la façon qu’elles voulaient. Certaines peignaient sur des galets, fabriquaient des robes, créaient des expositions de photos etc. Les filles n’étaient pas très bien reconnues pour leurs qualités, y compris au sein du mouvement communiste, et je voulais qu’elles se mettent en valeur par ce qu’elles savaient faire. On voulait montrer qu’on était capables, dans tous les domaines. Il y avait des écrivains qui signaient leurs livres, des groupes qui venaient chanter. Ce fut un franc succès qui a duré plusieurs années.

Les femmes ont l’intelligence de toujours des initiatives qui correspondent à leur caractère et qui peuvent toucher toutes les femmes. Elles sont vives et curieuses. L’UJFF était respectée, bien après la guerre, on avait invité Aragon et Elsa Triolet à venir féliciter les filles de la réussite de leur examen. D’ailleurs, Aragon a rendu hommage à l’UJFF dans les Communistes. Nous étions implantées dans tous les lycées de Paris ! L’UJFF a été capable d’être créative et de s’imprégner de ce que voulaient les femmes. Et pourtant, nous n’avions pas de médias. Les jeunes ouvrières ne faisaient pas défaut mais elles étaient difficiles à organiser en raison d’horaires de travail très rudes.

L’UJFF a toujours été très engagée pour la paix et dans le social. Elle a mené de grandes batailles pour la salubrité et la construction des logements sociaux, ainsi que pour l’amélioration des conditions de travail. Il y a eu quelque succès des filles du textile et de la métallurgie. On était très aidées par les intellectuels : Joliot-Curie, Picasso, Aragon, Jean Eiffel etc. Ils voulaient tous nous aider, nous écrire des chansons. Ils nous donnaient souvent de l’argent pour payer les permanents.

Nos réunions sont de grands souvenirs. Elles s’éternisaient jusque dans la nuit, mais plus elles étaient longues, plus elles étaient bonnes ! C’était dur mais on s’amusait. C’était dur d’être ouvrière et militante. J’ai tenu trois mois dans la métallurgie. Avec des réunions aussi prenantes et un travail aussi dur, la conciliation était difficile. Après 1968, c’était plus simple. On se réunissait aussi sur les lieux de travail, on était plus implantées sur les lieux de travail.

1973 marque la fin de l’UJFF. Il est vrai que plus on s’éloigne des guerres, après les années 60, moins il y a d’adhérentes. De plus, il y avait un conflit naissant entre les lycéennes et les jeunes travailleuses. Les lycéennes, qui étaient de plus en plus des intellectuelles, trouvaient les jeunes travailleuses un peu futiles, elles trouvaient étranges ces jeunes filles qui s’intéressaient à la mode. Ça devenait de plus en plus intellectuel. On délaissait les milieux populaires sans doute à cause de la diminution du nombre de nos adhérents. Il y a alors eu une coupure. D’autre part, il faut noter un franc succès de nos revendications. La mixité était instaurée. Les différentes organisations communistes de jeunesses ont fusionné. Les femmes s’intégraient dans la société de plus en plus. C’était ce que nous voulions. C’était le résultat de nos luttes.

Que penses- tu de la situation de la situation des femmes d’aujourd’hui ?

Aujourd’hui, il y a une régression de la condition des femmes, surtout dans les banlieues. La grande question c’est comment les rassembler ! L’UJFF a été un mouvement unitaire, elles étaient les jeunes filles de France, c’était très ouvert malgré tout. On était à l’avant-garde. Alors aujourd’hui qu’est-ce que le féminisme ? Je n’en sais rien, mais ce n’est surtout pas à assimiler aux chiennes de garde ! Mais on a besoin de se revendiquer féministe, c’est important.

C’est quoi, pour toi, être communiste ?

L’important, c’est de faire les choses en y croyant vraiment. Sinon le mouvement meurt. Il faut toujours être en lien avec la réalité, avec la société, ne jamais perdre de vue ses attentes. Il ne faut pas un mouvement artificiel. Être communiste, ce n’est pas le crier à la terre entière, c’est être à l’écoute, c’est être en capacité de faire bouger les gens, de leur donner des perspectives d’avenir pour qu’ils prennent leur vie en main.

Mardi 29 juin 2010 à 14:24

http://idees.rouges.cowblog.fr/images/angeladavis346291.jpgNon, Yannick Noah ne fait pas l'apologie non plus de la militante Communiste Angela Davis.
On aurait pu rêver !
Car le clip est nuancé entre les paroles "OOooh Angela" et l'image de l'élection de Barack Obama.
En étudiant un peu les paroles, on peut penser que grâce à l'ensemble des luttes, des Black Panthers - Marthin Luther King et
bien sur Angela Davis et l'ensemble des manifestants pacifistes et citoyens (dixit Edgar Friendly), Barack Obama ait pu faire sa place.

Sans quoi il n'aurait eu aucune chance.






 
 
























 
Qui était Angela Davis ?

"Un peu d'histoire .. Angela voit le jour à Birmingham en Alabama. Elle est confrontée dès son plus jeune âge au racisme et à l’oppression au sein de son quartier au surnom révélateur de « Dynamite Hill ». La ségrégation raciale est toujours en vigueur, c’est une période de troubles politiques majeurs. Ses parents, tous deux enseignants et activistes communistes, l’élèvent dans l’idée philosophique et politique de la contestation et la résistance. Elle participe déjà à 12 ans au boycott d’une compagnie de bus pratiquant la ségrégation.

En 1958, à 14 ans, Angela obtient une bourse pour étudier à New York à l’« Elizabeth Irwin High School » qui dispose d’un programme aidant des élèves noirs du Sud à poursuivre leur scolarité. Ce lycée privé est surnommé « Little Red School House » en raison de son attachement ostentatoire aux mouvements politiques de gauche. Angela y fréquente les enfants de leaders communistes, dont Bettina Aptheker qui écrira en 1975 un livre sur elle. Elle est recrutée par le « Youth Communist Group » (Jeunesses Communistes).

http://idees.rouges.cowblog.fr/images/FreeAngelaButton1.jpgSon baccalauréat en poche, Angela part étudier en 1961 à l’université de Brandeis, dans le Massachusetts où elle rencontre le philosophe Herbert Marcuse (1) qui deviendra son mentor. Elle part étudier en France de 1963 à 1964. Elle est à Biarritz quand lui parvient l’annonce d’une attaque à la bombe contre l’église de sa ville natale : quatre enfants qu’elle connaît personnellement sont tués (des camarades de classe de la petite Condoleeza Rice marquée à jamais par ce drame). Angela est cruellement touchée par cet attentat, symptôme d’un racisme enraciné dans le sud des Etats-Unis, où une vie noire ne vaut rien.

Angela étudie ensuite à Paris à la Sorbonne, et enfin en Allemagne à l’université Goethe où elle suit les cours de Theodore Adorno (2).Ces différents séjours d’étude à l’étranger lui ont permis d’une part de découvrir le militantisme en France aux côtés des algériens et en Allemagne auprès des jeunesses socialistes, et d’autre part d’approfondir ses connaissances de la tradition philosophique du marxisme.
Forte de ces expériences, Angela décide de rentrer aux Etats-Unis afin de mettre ses théories en pratique, et combattre pour son propre peuple, le peuple noir.

En 1968, après avoir obtenu son doctorat, Angela Davis est devenue enseignante à l’université de San Diego. Elle commence à militer au sein du parti communiste et des Black Panthers (3) ; elle s’investit totalement dans la vie de la communauté noire en proie aux rafles incessantes de la police raciste (3).
Dans un Etat où lynchages et exécutions sommaires sont devenus banals, s’engager dans la défense des droits civiques implique de risquer sa vie quotidiennement et de s’attirer les foudres du gouvernement, qui surveille désormais Angela de très près. Elle est témoin de l’assassinat de trois de ses amis sur le campus, et peu de temps après, elle est dénoncée comme communiste par un de ses étudiants. Elle est renvoyée par la direction de l’université, exhortée par Ronald Reagan alors gouverneur.

Dans ce contexte survint l’événement qui marquera à jamais l’existence d’Angela Davis : le 7 août 1970, une prise d’otages est organisée pour tenter de faire évader Georges Jackson, un membre des Black Panthers condamné à vie à l’âge de dix-huit ans pour avoir volé 70$. Quatre personnes trouveront la mort ce jour là, et trois autres seront grièvement blessées

Etant membre du comité de soutien de Georges Jackson, Angela est accusée par le FBI d’avoir fourni les armes nécessaires à cette opération : elle devient la troisième femme de l’Histoire à être inscrite sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI, la fameuse « Most Wanted List ». Angela Davis passe deux mois à fuir et se cacher, sa notoriété se forge et s’accroît durant cette période comme l’atteste sur de nombreuses maisons une pancarte : « Angela notre sœur, tu es la bienvenue dans cette maison ».
La panthère noire est finalement arrêtée le 13 octobre, accusée de meurtre et de kidnapping. Elle est placée en détention provisoire ; elle restera seize mois au « Women’s Detention Center » de New York. L’opinion publique internationale se mobilise pour la soutenir : entre autres John Lennon et Yoko Ono enregistrent la chanson « Angela », les Rolling Stones écrivent pour elle « Sweet Black Angel », Jacques Prévert lui dédie un poème (4) et 100 000 personnes manifestent à Paris pour obtenir sa libération, Louis Aragon et Jean-Paul Sartre à leur tête. Angela est finalement libérée sous caution.

Elle attendra le 4 juin 1972 pour être acquittée de toutes les charges qui pèsent contre elle par un jury entièrement blanc, au cours d’un procès ultra médiatisé qui mettra à jour la machination fomentée par le FBI.

Une légende est née.

Aujourd’hui à 61 ans, Angela Davis est toujours non pas une réformatrice, car des réformes ne suffiraient pas selon elle à améliorer le Monde, mais une vraie révolutionnaire. http://idees.rouges.cowblog.fr/images/angeladavis1.jpg
Son principal combat est la lutte pour l’abolition de la peine de mort aux Etats-Unis (5), et contre le système carcéro-industriel. En effet dans ce pays l’industrie pénitentiaire est une source intarissable de profit pour le gouvernement et les sociétés privées qui la gèrent.
Elle n’est malheureusement plus aussi populaire que dans les années 70 parce que les mass médias l’ont oubliée et que la communauté noire, son principal soutien, lui tient rigueur de son opposition à la « Million Man March » organisée par Louis Farrakhan (Nation of Islam) en 1995 (6).

En effet, féministe dans l’âme, Angela ne pouvait que s’opposer à un mouvement qui refusait aux femmes le droit de manifester. Son geste a été récupéré et déformé par Farrakhan qui a profité de l’occasion pour répandre l’idée selon laquelle l’homosexualité de l’ex-Black Panther serait à l’origine de cette contestation. Angela Davis s’est effectivement engagée dans la lutte pour les droits des gays, comme elle l’a fait pour toutes les minorités. Elle n’a jamais réellement démenti ni confirmé le fait d’être lesbienne.

Mais peu lui importent ses nombreux détracteurs, Angela est et restera une guerrière infatigable, constamment en action contre l’injustice, comme le démontre sa présence à de nombreux événements autour du Monde : manifestation contre la guerre en Irak, soutien à Mumia Abu Jamal (5), forum social européen, la liste est longue…

Sa vie entière a été dévouée à sa cause, à notre cause. Elle continue également à répandre son message au travers de ses livres et des cours de « consciousness » (éveil de la conscience) qu’elle dispense à l’université de Santa Cruz en Californie.

Son credo : au lieu d’inculquer des connaissances pré fabriquées, il faut encourager le développement de l’esprit critique"




 

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