L’Alsace restera-t-elle un bastion du sarkozysme ?
« L’Alsace, c’est quand même la seule région de France où les trains roulent à droite. » Basée sur une réalité (un héritage de l’occupation allemande, entre 1870 et 1918 – NDLR), Philippe Richert, tête de liste aux élections régionales, a fait de la plaisanterie son entame de meeting favorite. Car depuis quelques jours, la majorité alsacienne est rassurée. Après deux sondages consécutifs donnant l’UMP perdante, la tendance s’est inversée. Le 6 mars, TNS-Sofres estimait que l’UMP pourrait l’emporter au second tour avec 3 à 13 points d’avance selon les hypothèses. Lundi, c’est OpinionWay qui plaçait la droite devant dans tous les cas de figure, avec 1 à 6 points d’avance. L’alliance UMP-Nouveau Centre-Mouvement pour la France, conduite par le sénateur du Bas-Rhin Philippe Richert, n’a pas beaucoup de marge de manœuvre.
En cas de triangulaire avec le Front national (crédité de 10 % au premier tour, il pourrait dans tous les cas atteindre 11 % au second tour), l’UMP l’emporterait de justesse : 45 % contre 44 % à la gauche si le socialiste Jacques Bigot conduit la liste d’union pressentie avec Europe Écologie, 46 % contre 43 % si c’est le candidat des Verts, Jacques Fernique. À gauche, ce petit écart annoncé maintient l’espoir que la région bascule. « Les choses sont tout à fait ouvertes », clame le PS. « L’alternance est possible », estime Jacques Bigot. Mais sous quelles couleurs ? Jacques Fernique, dont le dernier sondage vient de confirmer qu’il marque de près les socialistes (18 %, à seulement 1 point des intentions de vote derrière au premier tour), rêve de prendre la tête de l’alliance de la gauche.
Le 14 mars les électeurs de gauche ont à leur disposition une liste du Front de gauche. Conduite par Jean-Yves Causer, universitaire et syndicaliste à Mulhouse, et appartenant au mouvement de alternatifs la liste comprend de nombreux syndicalistes et des militants associatifs. Les têtes de liste départementales sont Jean-Luc Muller serrurier soudeur ( Bas Rhin) et Aline Parmentier, secréatire départementale du PCF (aut-Rhin) Daniel Cohn-Bendit regarde lui vers le MoDem . « Le rassemblement ici en Alsace est exemplaire », exulte-t-il… exhibant l’union des Verts, de Cap 21 de la vice-présidente du Modem, Corinne Lepage, et d’Antoine Waechter (pour qui les Verts étaient jusqu’ici trop à gauche).
Mais une saillie de Dany l’ex-Rouge laissera peut-être des traces au moment de sceller les alliances de second tour. Lançant un appel au « double vote, utile et stratégique », n’a-t-il pas méchamment égratigné le plus important de ses futurs partenaires, estimant qu’il fallait « casser les logiques obsessionnelles d’un présidentialisme et d’un jacobinisme dont s’accommode très bien le PS dès qu’il est au pouvoir » ? « Personne ne prendra la responsabilité de faire capoter » l’union au second tour, disait lundi Jacques Fernique. À condition que d’ici dimanche Dany ne bouge…
Grégory Marin