1 ) Les gains de productivité
Le gouvernement nous explique depuis quelques années que le problème démographique, le fameux papy - boom, va poser un grave problème dans le cadre du financement du régime des retraites dans la mesure où il n'y aura plus suffisamment d'actifs pour faire vivre les retraités. C'est un fait, la France dispose aujourd'hui de trois actifs pour deux retraités alors que la donne ne sera plus en 2040 que de deux actifs pour trois retraités. Le problème est tout bonnement arithmétique : deux actifs ne pourront pas financer trois retraités, il faudra donc travailler plus longtemps. Sauf que, c'est oublier la notion de gain de productivité. Par exemple, en estimant qu'il y avait en France en 1944 quinze millions d'agriculteurs pour nourrir 40 millions de personnes, on aurait pu craindre une grande famine en 2010 étant donné qu'il n'y a plus qu'un million d'agriculteurs pour nourrir cette fois ci soixante millions de Français. Or, aujourd'hui, un million de paysans sont capables de faire vivre soixante millions de personnes grâce aux gains de productivité. Nous sommes de plus en plus productifs - le patronat est le premier à nous le dire - quel que soit les secteurs d'activités - dixit notamment les progrès technologiques - et en 2040, deux actifs seront aussi productifs que quatre actifs d'aujourd'hui. Par conséquent, les deux actifs de 2040 produiront assez de richesses pour payer la retraite de quatre personnes. Si et seulement si la richesse est équitablement redistribuée ...
2 ) Un PIB en progression
Même en tant de crise, le PIB est en constante croissance. En partant d'une croissance à hauteur de 1.7 % - croissance assez pessimiste - la masse de richesses produite en France va presque doubler d'ici à 2050. De ce fait, même en passant de 13 à 18 % du PIB consacré au financement des retraites, l'augmentation est tout à fait gérable dans la mesure où le PIB sera plus important. Les 18 % du PIB qu'il faudra puiser pour payer les retraites en 2050 représenteront même un montant moins important que celui d'aujourd'hui. Plus clairement, voici un schéma d'explication :
PIB en 2010 : 2000 milliards.
Pourcentage du PIB consacré à la retraite : 13 % soit 260 milliards environ, soit 1740 milliards restant.
PIB estimé en 2050 : 4000 milliards.
Pourcentage du PIB consacré à la retraite : 18 % soit 720 milliards environ, soit 3280 milliards restant.
Pourcentage du PIB consacré à la retraite : 13 % soit 260 milliards environ, soit 1740 milliards restant.
PIB estimé en 2050 : 4000 milliards.
Pourcentage du PIB consacré à la retraite : 18 % soit 720 milliards environ, soit 3280 milliards restant.
Au vu de ces chiffres, le gouvernement nous explique qu'il faudra passer de 260 à 720 milliards pour financer le régime de retraite et qu'il faudra donc tripler l'effort. Sauf qu'il ne s'agira plus du même PIB et que les 720 milliards de 2050 seront beaucoup moins lourd à porter par le pays que les 260 milliards d'aujourd'hui. Donc, même en passant de 13 à 18 % il semble qu'il reste encore assez d'argent à redistribuer aux salariés, aux patrons et à l'investissement. Travailler plus longtemps n'est peut être pas indispensable finalement ...
3 ) A quand un juste partage des richesses ?
Cet argument est le plus classique mais aussi le plus évident : les salariés n'ont pas à payer à eux seuls l'effort à fournir afin de financer le régime des retraites par répartition. Le patronat s'en met plein les poches jour après jour : salaires pharamineux, parachutes dorés et autres primes inacceptables.
Une meilleure répartition des richesses permettrait non seulement de financer les retraites avec plus d'équité mais aussi de combler le déficit. Quoi qu'il en soit, il est temps que le prolétariat ne soit plus le seul à payer les excentricités de la bourgeoisie dominante.
Autant de bonnes raisons de lutter !
Sources : Bernard Friot, sociologue, économiste et auteur de L'enjeu des retraites.